Les rives du Niger à Koulikoro : Entre pêche, lessive et extraction de sable

Le fleuve Niger, majestueux et imposant, traverse la région de Koulikoro, insufflant vie et dynamisme à cette ville malienne. Essentiel à la prospérité économique de la région, il joue un rôle crucial dans le quotidien des habitants.

Nous sommes au bord du fleuve. Des personnes vivent en symbiose avec cette artère fluviale vitale. Près de la COMANAF (Compagnie Malienne de Navigation fluviale), ou « bateau danga », l’air frais du fleuve caresse le visage des passants, tandis que les chants des oiseaux résonnent dans l’atmosphère paisible de l’après-midi. Sous un ciel légèrement voilé, la rive verdoyante du fleuve accueille les moutons qui broutent tranquillement.

Les pêcheurs et leurs défis

Deux jeunes hommes à la peau foncée sont installés dans leur pirogue, absorbés par leur activité de pêche. Il s’agit d’Aguibou Famanta et de son jeune frère. Aguibou, habillé d’un t-shirt usé et tenant fermement une longue perche, partage avec préoccupation : « Nous sommes là pour attraper du poisson. Malheureusement, les poissons se font de plus en plus rares à cause des jeunes qui extraient le sable du fond du fleuve et laissent derrière eux des trous où les poissons se cachent lorsque nous tentons de les capturer », dit-t-il.

Au marché de poissons

Il est 17 heures à la gare de Koulikoro, principalement au marché de poissons situé au bord de la route goudronnée, des femmes vendent des poissons sur des tables. Cependant, seules trois tables sont remplies de poissons, recouverts de mouches.

Les espèces varient de la carpe au poisson-chien en passant par le capitaine. « Depuis 20 ans, je viens vendre les poissons pêchés par mon mari et mes enfants. Actuellement, les poissons ne sont pas nombreux. C’est pourquoi les vendeuses ne sont pas nombreuses ici, » explique Assan Fouré, assise sur un escabeau.

« À l’heure où nous sommes, il y a une rareté de poissons. Le peu qu’on a varie de 1750 FCFA à 6000 FCFA, » ajoute Fatoumata Karabenta, vendeuse de poissons.

A « Baguibagui Danga »

Le bord du fleuve est entouré de rochers, où des jeunes filles étalent les vêtements sur des pierres. À proximité, un jeune homme rince les abats d’un mouton fraîchement égorgé. « Je viens laver les abats de mes moutons ici car l’eau ne manque jamais, » dit-il en s’essuyant le front avec une manche de sa chemise.

À « Baguibagui danga » (près du secours fluvial de la protection civile), des femmes s’activent à laver des vêtements, tout en échangeant des nouvelles et des rires. Rokia, habillée d’un t-shirt rouge, étale des habits sur un espace plat et rocailleux. « Moi, je viens faire la lessive des habits des gens qui me payent. Je n’ai pas de robinet chez moi, c’est pourquoi je viens faire la lessive au fleuve où l’eau n’y manque jamais, » dit-elle en souriant.

L’extraction de sable par les laptots

Au bord du fleuve, les laptots, ou travailleurs de sable, extraient le sable jusqu’au centre du fleuve. À côté, de nombreux camions attendent le retour des pirogues chargées de sable. « Notre travail, c’est d’aller extraire le sable dans le lit du fleuve. Nous le vendons à d’autres personnes qui le revendent aux conducteurs de camions, » explique Soumano, un jeune laptot.

D’autres jeunes hommes, regroupés près d’une pirogue, remplissent un camion de sable. « Moi, je gagne ma vie dans ça. Chaque jour, je peux gagner 5000 FCFA, » précise Bakary Coulibaly, transpirant malgré la fraîcheur.

Les femmes et la vente de sable

Après le déchargement, certaines femmes ramassent les résidus de sable issus des déchargements. Elles les mettent en petit tas dans un endroit puis les vendent. Mariam Diallo, originaire de Yanfolila, explique : « Nous ramassons et entassons le sable qui tombe dans l’eau lors du déchargement des pirogues par les laptots. Nous gagnons notre pain quotidien avec la vente de ces tas de sable. »

Le fleuve Niger est d’une importance cruciale pour l’économie de Koulikoro. Depuis l’attaque du bateau Tombouctou en septembre 2023, aucun bateau de voyage de la COMANAF n’a navigué, laissant les pirogues de pêche dominer le fleuve. Cependant, la vie continue, le fleuve coule, et les pêcheurs persistent, tandis que les bateaux de la COMANAF restent à quai.

Moussa dit Choguel DIAKITE